Chine Dans 10, 20, 30 ans Kongo sera-t-il chinois ?

  • Freddy Mulongo, Fondateur et Rédacteur en Chef de Réveil FM International

#Chine Dans 10, 20, 30 ans Kongo sera-t-il chinois ?

Les journalistes, qui accompagnaient l'ancien Premier ministre français, quittent Beijing pour Shanghai, la ville économique de la Chine.

On se rend aujourd'hui depuis
kinshasa à Hangzhou, en Chine comme hier, on allait à Paris, Bruxelles ou Washington. 

Mais au-delà de cette euphorie grandissante, des impensés,
de nombreuses questions demeurent sans réponse sur les contours à court, moyen ou long terme de la relation sino-kongo. 

Après le contrat léonin entre la Chine et le Kongo, au fait un "troc" contre 9 milliards de dollars américains, la Chine doit exploiter le sol et sous-sol Kongo pendant 30 ans.

Certains fils et filles Kongo 
s'extasiaient des formidables avantages: construction
d'hôpitaux, de 3 000 kilomètres d'autoroutes… que devraient offrir
aux Kongo, les entreprises chinoises. 

La prolifération dans
l'économie Kongo de produits de consommation chinoise bon marché est célébrée comme un coup de pouce inespéré à l'Etat Kongo face à la faiblesse du pouvoir d'achat de ses citoyens. 

Comble d'ironie, aucune bitume promis par chinois n'est encore visible. A Kinshasa, la capitale, les chinois concurrencent déjà les mamans vendeuses de beignets. 

Ils font les clones des beignets et deviennent par la force de choses fournisseurs des mamans vendeuses de beignets.

 Il y a même des Chinois qui vendent le biteku-teku au marché
Kongo ? 

Dans 10, 20 et 30 ans quel sera le visage du Kongo ?

On nous avait dit que, Lubumbashi, la capitale de la province du Katanga était devenue une ville qui ne dormait jamais. 

A toute heure du jour ou de la nuit, de lourds semi-remorques soigneusement bâchés emportaient vers la frontière zambienne des cargaisons de minerai-cuivre ou cobalt. Elles étaient ensuite embarquées à Dar es-Salaam (Tanzanie) en direction de l’Asie.

Les réserves identifiées sont estimées à 70 millions de tonnes de cuivre, 5 millions de tonnes de cobalt et 6 millions de tonnes de zinc.

En ce qui concerne le cuivre, le Kongo se classe immédiatement après le Chili, dont le sous-sol renfermerait 88 millions de tonnes. Mais le minerai Kongo surclasse son concurrent : il contient en moyenne 3,5 % de cuivre pur, contre 0,5 % pour son homologue sud-américain.

« Sur les 60 sociétés minières
de Likasi, 55 sont chinoises. ». A 120 kilomètres de Lubumbashi, dans ce sud du Kongo qui regarde vers l'Afrique australe et ignore Kinshasa, Likasi est une ville à l'abandon.

Pas un bâtiment ne semble avoir été construit depuis l'indépendance, en 1960. 

Les maisons sortent tout droit d'un vieux film. Seul reste du charme d'antan de vastes avenues… Et un golf 18 trous qu'entretiennent jalousement dix expatriés.

C'est dans ce décor de vieux western que sont arrivés, à partir
de 2002, les premiers Chinois. Il y a d'abord eu ceux que les Kongo appellent les « sacs à dos ». 

Sans gros moyens, ils venaient d'Afrique du Sud ou de Zambie, où ils trafiquaient déjà dans le secteur minier.

D'autres sont arrivés directement de Chine, expédiés par des
entreprises privées dont le patron, membre du Parti, bénéficie du soutien financier des autorités. Intéressés par le cobalt, ils se sont associés avec des Congolais pour obtenir des permis d'exportation du minerai vers la Chine via l'Afrique du Sud ou la Tanzanie. 

Depuis, l'empire du Milieu, qui n'extrait pas un gramme de cobalt de son sous-sol, en est un producteur officiel dans ses comptes.

Derniers arrivés : les Chinois envoyés par de grosses sociétés
d'État. C'est ainsi que s'installe à Likasi, en 2003, Feza Mining, une
des rares entreprises chinoises de bonne réputation. 

Une exception dans ce milieu qui préfère le théâtre d'ombres et les facilités de l'informel. 

« J'ai un cabinet pour aider les entrepreneurs à travailler dans les règles. J'ai eu deux clients chinois, l'un en 2005, l'autre en 2007, c'était assez inhabituel », confirme Eric Monga, juriste.

A la sortie de Likasi, la route de Kakontwe mène à Kolwezi, la
ville du cuivre, siège des deux révoltes du Shaba dans les années 70.

La piste est baptisée « route de Pékin ». C'est là que, depuis des années, les Chinois de Likasi ont installé des fours pour transformer le minerai de cuivre ou de cobalt et l'exporter sous forme de lingots. 

En plusieurs années, 140 Chinois se sont installés à Likasi. Ils forment la première communauté étrangère de la ville. 

Combien sont-ils dans tout
le Katanga ? Deux ou trois milliers, peut-être ?

On sait que beaucoup de mines ont fermé, les chômeurs avoisinent le chiffre fatidique de 300 000.

Chine-Afrique: le dragon et l'autruche, est un essai du confrère sénégalais Adama Gaye
que nous devrions lire et relire. Depuis deux ans, l'actualité confirme son constat: leaders politiques et intellectuels assistent ravis ou perplexes au développement de la relation sino-africaine sans stratégie commune ni réflexion collective majeure:

"Le coeur du monde bat au rythme de la Chine. Ses vigoureuses palpitations, qui sont entendues aux quatre coins de la planète, ne laissent qu'une région du monde indifférente: l'Afrique.

 Aucune réaction structurée, aucun mécanisme ni stratégie cohérente n'y ont été dégagés, à ce jour, pour faire face aux conséquences, immédiates et à
venir, de la fracassante irruption sur la scène internationale du plus massif des dragons asiatiques (…)Au contraire, fidèle à ses vieux démons, l'Afrique, comme prostrée, continue de regarder, bouche bée, les grosses traces laissés par les pas du géant asiatique. Qu'on ne se
fatigue pas à chercher des indices de ce phénomène, le plus
significatif du siècle actuel, dans l'ordre du jour de l'agenda
intellectuel et politique du continent: il n'y figure pas, pas plus que il n'occupe la première page des journaux. 

On ne le retrouve pas non
plus dans les débats que l'on attend de ses chancelleries
diplomatiques, ses universités ou ses milieux d'affaires. 

Dans le monde de l'édition africaine, la pénurie est plus que flagrante encore: on chercherait en vain des publications africains consacrées à la question
chinoise.."

Plusieurs années, après la parution de cet essai
annonciateur de lendemains, qui pourraient terriblement déchanter, dans les milieux intellectuels, dans la société civile, dans les milieux
d'affaires, on s'empresse plutôt d'apprendre à parler chinois que de parler avec les Chinois !

#FreddyMulongoMukena
Réveil FM International

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