10 QUESTIONS À BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO SUR L'HISTOIRE DES ANNÉES 60 !

  • Freddy Mulongo, Fondateur et Rédacteur en Chef de Réveil FM International

10 QUESTIONS À BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO SUR L'HISTOIRE DES ANNÉES 60 !

À cœur ouvert : Matondo Ya Mingi à TATA NZANKOMBA pour avoir gardé en vie notre papa, acteur et témoin de la première heure de la vie politique de notre pays. BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO fait un témoignage sur la vie politique au Kongo, on peut être populaire, avoir tous les soutiens comme Jean Bolikango, qui a été battu au parlement et c'est Joseph Kasa-Vubu qui a été élu, président de la République. 

Nous découvrons que les puissances étrangères s'immiscent dans la politique de notre pays par la corruption et diabolisation. Les rafles, déportations, arrestations arbitraires et tueries se font pendant les dialogues, Conclaves et Symposiums.  

Extrêmement intelligent, un homme d'État pour ne pas dévoiler le secret d'état au public. Monsieur Jacob PELENDO est un Grand Patriarche du Kongo.  BOKULAKA est parfois rigolard mais très pointilleux sur des questions qui touchent à la sécurité de l'État, qui a connu de l'intérieur les méandres de l'histoire du pays pour y avoir exercé des fonctions importantes. 

BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO a été au premier parlement de 1960 avec Patrice Emery Lumumba, Maurice Mpolo, Bolikango... C'est lui avec le corbeille qui récoltait les bulletins de vote des premiers députés.

Bibliothèque vivante, immobile et ambulante , qui se balade alors que MAMA KONGO est dans un coma profond, nous avons voulu en connaître un peu plus sur notre pays. 

Celui qu'on appelle Monsieur l'Ambassadeur (sa dernière fonction) s'est rendu disponible pour répondre à nos questions sur l'histoire des années 1960. 

Il a occupé plusieurs grandes fonctions de notre pays. Au passage, c'est lui qui a connu Freddy Mulongo Mulunda Mukena à qui, il lui a confié le poste de Secrétaire générale au Bureau National du Développement Social (BNDES).

À une personne âgée, qui a vu le soleil avant, qui a vécu, qui malgré les soubresauts du pays de 1960 à aujourd'hui, vit debout... respect et chapeau bas, pas besoin de connaître son âge, BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO est un homme expérimenté de la politique politicienne de notre pays.

1. Réveil FM International : BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO COMMENT ÊTES-VOUS VENU À LÉOPOLDVILLE ?

BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO : Gros rire. Tout d'abord, je suis de ceux que l'on appelait "LES MBOKATIERS" de Gemena en Équateur. Pour nous titiller on disait : NGWAKA ALALAKA  LIKOLO NA NZETE". 

Nous sommes dans les années 60, je viens de finir des études secondaires, je suis affecté comme un jeune enseignant. La population de Gemena était en quête des candidats. Comme j'étais jeune mais enseignant, c'est la population qui m'a pointé. Les Belges coloniaux voulaient des candidats pour la province de l'Équateur. Il y a eu des élections en mai 1960. J'ai été élu. J'ai été convoqué par le Belge qui était Administrateur du territoire de Gemena, qui m'a convié que je devais me rendre à Léopoldville. Nous étions à 4 élus pour toute l'Équateur.

À Léopoldville, sur le plan politique, il nous fallait la chambre des représentants et le Sénat. L'ABAKO de Joseph Kasa-Vubu était très fort. 
Nous avions 2 groupes politiques parlementaires : celui de Léopoldville et les Nationalistes qui regroupaient le MNC et alliés, de nombreux partis surtout de l'Est du pays dont le Balubakat avec Jason Sendwe, qui soutenaient Lumumba.

2. Réveil FM International : BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO QU'EST-CE QUI S'EST RÉELLEMENT PASSÉ LE 13 JUIN 1960 À MINUIT ?

BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO : Avant d'arriver à l'élection du 13 juin 1960, il faut expliquer le contexte. À Lumumba à qui le roi Baudouin de la Belgique avait nommé comme informateur pour dégager la majorité et former le gouvernement a échoué dans sa mission. Et Baudouin Ier de la Belgique nomme Joseph Kasa-Vubu comme formateur du gouvernement.

3. Réveil FM International : C'EST LE COUP DE THÊATRE AU PARLEMENT... QUEL RÔLE A JOUÉ MAURICE MPOLO ?

BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO : Nous n'avions que deux groupes parlementaires : Nationalistes et Léopoldville. Les Belges coloniaux n'avaient pas vu venir le parlement ni maîtriser son rôle. C'est du parlement que va venir le coup de théâtre comme vous dites. C'est surtout Maurice Mpolo, le porte-parole du groupe parlementaire des Nationalistes -MNC et alliés- qui va jouer un important, celui de convaincre les représentants et faire basculer la majorité parlementaire aux Nationalistes. Par son intervention à la tribune, sa parole facile et sa force de dissuasion. 

Le principe démocratique était respecté. À l'intérieur du parlement, Lumumba ne parlait jamais publiquement. Il laissait la parole à son ombre, Maurice Mpolo, porte-parole des Nationalistes.

Jeune, intelligent, fougueux, convaincant, Maurice Mpolo par son intervention comme porte-parole des Nationalistes a réussi ce que les Belges n'avaient pas prévu, à renverser la majorité parlementaire pour Lumumba, à donner le pouvoir aux MNC et alliés. 

Il y a eu aussi l'intervention de Delvaux Albert Mafuta Kizola, comme porte-parole des Léopoldville.

Nous devrions passer au vote. 

4. Réveil FM International : AH BON ... MAURICE MPOLO AVAIT JOUÉ UN RÔLE IMPORTANT ?

BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO : Pour des raisons d'État, je garde encore la liste des représentants au parlement de l'époque. 

Nous étions 143 représentants au parlement. Joseph Kasa-Vubu était numéro 57, Lumumba 72, Maurice Mpolo 87. Moi, Jacob Pelendo, j'avais le numéro 116 par ordre alphabétique.

Maurice Mpolo était convaincant, il avait la parole facile et l'art de convaincre les autres voire d'imposer son point de vue. Il avait cette force intérieure d'arriver à imposer sa volonté. Maurice Mpolo a réussi à retourner les représentants. "Vous, population des Nationalistes, je vous demande de voter pour notre candidat" ! 

Au vote parlementaire, les députés ont voté Joseph Kasongo comme Président, le vice-président et 4 secrétaires, tous étaient du groupe parlementaire "Nationalistes", MNC et alliés. 
Donc les Nationalistes étaient majoritaires au parlement. Et ce sont eux qui devraient diriger.

Après cette élection, Anicet Kashamura du parti CEREA-MNC et Alliés, demanda la parole et dit: Le roi Baudouin doit tenir de ce que le parlement a démontré. Les Nationalistes sont majoritaires dans notre parlement. La Belgique doit tirer toutes les conséquences et nommer un formateur de notre groupe pour former le gouvernement". 

Lumumba était leader et majoritaire du MNC et Alliés.

La Belgique n'avait pas prévu que la majorité viendrait du parlement avec Lumumba. Un vrai casse-tête. Très charismatique, nationaliste, les Belges avaient peur qu'il rafle tout au Congo. C'est alors que les peaux de banane vont essaimer son parcours. 

5. Réveil FM International : ET LUMUMBA FORME UN GOUVERNEMENT D'UNION ?

BOKULAKA AMBASSADEUR JACOB PELENDO : Lumumba  avait une vision plus haute de la République. Lorsqu'il s'agit du pays, toutes les compétences sont les bienvenues. Lumumba était fédérateur par son gouvernement. Même le parti crée par des Belges : Parti National du Progrès (PNP) que les Kongolais pour se moquer d'eux les ont affublé du surnom de : Pene Pene Na Mundele ou Parti des Nègres Payés (PNP) était à son gouvernement. Justin Bomboko était son ministre des Affaires étrangères...Et Joseph-Désiré Mobutu était attaché à la présidence. Jean Bolikango qui avait demandé le poste de ministre de la Défense ne l'a jamais obtenu.

Premier ministre et ministre de la Défense nationale : Patrice Lumumba (MNC/L)
Vice-premier ministre: Antoine Gizenga (PSA)

MINISTRES D’ÉTAT

Paul Bolya (PNP)
Georges Grenfell (MNC/L)
Charles Kisolokele (ABAKO)
André Genge (PUNA)

MINISTRES

Affaires économiques et du Plan : Aloïs Kabangi (MUB)
Affaires étrangères : Justin Bomboko (UNIMO)
Affaires foncières : Alexandre Mahamba (MNC/L)
Affaires sociales : Antoine Ngwenza (PUNA)
Agriculture : Joseph Lutula (MNC/L)
Commerce extérieur : Marcel Bisukiro (CEREA)
Communications : Alphonse Songolo (MNC/L)
Éducation nationale et des Beaux-Arts : Pierre Mulele (PSA)
Finances : Pascal Nkayi (ABAKO)
Information et des Affaires culturelles : Anicet Kashamura (CEREA)
Intérieur : Christophe Gbenye (MNC/L)
Jeunesse et des Sports : Maurice Mpolo (MNC/L)
Justice : Rémy Mwamba (BALUBAKAT (en))
Mines : Edmond Rudahindwa (REKO)
Ministre délégué à l’ONU : Thomas Kanza (Universitaire)
Ministre résidant en Belgique chargé des relations entre la Belgique et le Congo : Albert Delvaux (PNP-LUKA)
Santé publique : Grégoire Kamanga (COAKA)
Travail : Joachim Masena (PSA)
Travaux publics : Alphonse Ilunga (UNC)

SECRÉTAIRES D'ÉTAT 

À la Coordination économique et au Plan : Alphonse Nguvulu (PP)
À la Défense nationale : Albert Nyembo (CONAKAT)
À la Justice : Maximilien Liongo (APIC)
À la Présidence : Joseph-Désiré Mobutu (MNC/L)
À l’Information et aux Affaires culturelles : Antoine-Roger Bolamba (MNC/L)
Au Commerce extérieur : Antoine Kiwewa (MNC/L)
Aux Affaires étrangères : André Mandi (Universitaire)
Aux Finances : André Tshibangu (Universitaire).

À SUIVRE !

Propos recueillis par
Freddy Mulongo Mukena
Réveil FM International

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