Prédateur de la liberté de la presse : Bapuwa Mwamba assassiné par Myra Ndjoku ?

  • Freddy Mulongo, Fondateur et Rédacteur en Chef de Réveil FM International

Photo d'archives. Jean-Jacques Ngangweshe est en premier à gauche. Nous étions dans l'enceinte de l'YMCA sur l'avenue Kasa-vubu, côté quartier Matonge. On y voit les membres de la famille du journaliste Bapuwa Mwamba en juillet 2006, sur le départ de la marche de protestation jusqu'au cimetière de la Gombé pour l'enterrement.

Le crime contre un journaliste est-il prescrit ? Il y a 17 ans, Bapuwa Mwamba a été lâchement abattu dans la nuit du 7 au 8 juillet 2006, chez lui à Matete, au quartier Maladie, par des individus manifestement venus accomplir une mission. Il avait 64 ans, marié et père de quatre enfants. Malgré l'aide de son neveu qui habitait avec lui. Bapuwa Mwamba avait même proposé de l'argent à ses tueurs . Ils avaient refusé dans un pays où les Barbouzes sont impayés.

Un papa Mukongo voisin de sa parcelle l'avait alerté par téléphone qu'il avait vu deux véhicules suspects dans leur et que Bapuwa Mwamba était la seule personnalité de la rue. Le journaliste était incapable d'escalader le mur de 1.20 m. 

C'est l'histoire de trois Jocassiens Zaïrois amis: Myra Ndjoku, Bapuwa Mwamba et Jean-Jacques Ngangweshe. Les trois habitaient à Jouy-le Moutier, dans la communauté d'agglomération de Cergy-Pontoise, dans le département de Val d'Oise (95). Ils se fréquentaient et se connaissaient y compris leurs épouses et enfants.

Un jour, le journaliste Bapuwa Mwamba était déterminé à demander des explications à Myra Ndjoku, qui avait indécemment tripatouiller sa femme. La demande d'explication s'était terminé en bagarre. Bapuwa Mwamba avait une passion la politique mais il n'était pas un homme violent. C'était plutôt un homme calme, courtois, politiquement très engagé qui défendait une certaine idée de la justice, de la liberté et du métier de journaliste. Sa plume ne servait en réalité qu'à exprimer, sans ambiguïté ses choix politiques et idéologiques. Au Kongo-Kinshasa, à l'assassinat de M'zée Laurent-Désiré Kabila au palais des Marbres le 16 janvier 2001, Myra Ndjoku, un ancien colonel des Forces Armées Zaïroises -FAZ prit la place de Nono Lotula, au Conseil National de Sécurité d'État.  Il assuma aussi l'intérim de l'ANR-Gestapo (Intérieur et Extérieur). 

En juillet 2006, au Centre commercial de Limete-sous-Bois, Jean-Jacques Ngangweshe vit un long cortège avec des militaires armés jusqu'aux dents qui s'arrêta à son niveau. Et les Képis criaient "Ngangweshe", "Ngangweshe", "Ngangweshe" ! Jean-Jacques Ngangweshe a failli fuir encouragés par des Kongo. Myra Ndjoku descendit de son cortège puis vint saluer son ami Jean-Jacques Ngangweshe. Myra Ndjoku tient ce langage : "J'apprends que Bapuwa Mwamba est à Kinshasa. Si je l'attrape, il va me sentir".

Emotion ! Dans cette panique, Jean-Jacques Ngangweshe appela son grand frère en Europe, qui lui signifia de rentrer avec le premier vol à Paris, surtout de ne rien dire à ses sœurs, surtout pas sa mère.  

Deux semaines après, Bapuwa Mwamba était assassiné chez lui. Le gouvernement de Joseph Kabila Kanambe Kazembere Mutwale trouva ses victimes. La police arrêta trois hommes suspectés d'avoir assassiné le journaliste Bapuwa Mwamba, abattu par balles à son domicile de Kinshasa.

Le 32 août 2006, le général Patrick Sabiti , inspecteur provincial de la police de Kinshasa  présenta à la presse par le bataillon d'investigations criminelles de l'inspection provinciale de la police nationale de la ville de Kinshasa (IPK) :  Vungu Mbrmbo, Alias "Manassé", ancien soldat, Mangenele Lowayi José, ancien braconnier et Nkunku Makwala, Alias "Sekula".

La police affirmait que les trois hommes, des multirécidivistes connus de leurs services avaient été arrêtés le 25 juillet à Matadi, en possession d'une arme qui aurait servi au crime. Le général Sabiti avait affirmé que les trois hommes, le 8 mars précédent, auraient cambriolé le domicile du journaliste. Parlant des armes, amis de longues dates, Myra avait invité son ami de 30 ans, à sa résidence de Ma Campagne. Arrivée à l'heure prévue, Jean-Jacques Ngangweshe vu dans plusieurs paillotes de compatriotes désespérés en souffrance dont certains ne savaient pas à qui se vouer. Myra Ndjoku était le petit dieu sur terre. Il avouait à ses prisonniers personnels, qu'il était le seul à décider car personne ne savait leur existence.

Arrivée dans sa résidence, Myra Ndjoku se mit à parler très fort : Jean-Jacques Ngangweshe, je n'ai pas du boulot pour toi, je n'ai pas du boulot pour toi, je n'ai du boulot pour toi ! Dans la paillote, il sortit le premier revolver à gauche de sa ceinture, puis à droite. Il continua avec sa chaussette gauche et puis celle de droite. 

Je travaille trop dure pour Joseph Kabila, je n'ai pas du boulot pour toi. Quelle humiliation. Au fait, Myra Ndjoku avait invité son ami pour l'humilier chez lui et en public. Jean-Jacques Ngangweshe n'était pas en quête du travail. Sa démonstration de 4 revolvers était un signe de réussite. Et avant de quitter sa résidence : Jean-Jacques Ngangweshe lui a rappelé le cycle qui tourne. Chaque cycle a un début et une fin. La roue tourne. Et le soleil brille pour chacun.

Myra Ndjoku est décédé à Paris. Il était l'ambassadeur de la RDC en France. Il avait échoué dans sa mission d'étouffer dans l'œuf la résistance patriotique Kongo au sein de la diaspora. Ses casseroles retentissantes et tintamarresques sont mémorables. Ses phrases aussi : "J'agis au nom de Joseph Kabila et non de la Nation congolaise". "J'aime les journalistes uniquement lorsqu'ils viennent me voir dans mon bureau".

Myra Ndjoku espérait nous mener en bateau. Il a été surpris les journalistes Kongo de France s'étaient ligués contre lui. Il en pleura même : Qu'est-ce que vous me voulez ? Partout où je vais, vous y êtes" !

Cela fait 17 ans que Bapuwa Mwamba a été assassiné à Kinshasa. 17 ans qu'il n'a pas vu grandir ses enfants. 17 ans que les prédateurs de la liberté d'expression et presse font la loi au Kongo.

Freddy Mulongo Mukena

Réveil FM International 

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