Qui a dit qu'en République démocratique du Congo il n'y a quedes professeurs Mabumucrates et autres Miyibicrates autoproclamés "Professeurs" ?Véritables chiens de Pavlov qui salivent au son de la clochette, qui achètent leurs diplômes à l'université de Kisangani, comme l'a dénoncé le professeur Maïndo. Il y a beaucoup des diplômés mais peu des professeurs éclaireurs de notre peuple. Des ventriotes pseudo-professeurs ont choisi le chemin de la mangeoire pour justifier l'injustifiable: l'imposture, l'occupation et la dictature. Un Moyibicrate, ami des tubes digestives, a même déclaré sur TV5 Monde: "Un Kabila, il en vient au monde tous les 50 ans" ! Cela fait dix ans que Réveil FM International suit le parcours du professeur Fweley Diangitukwa. Son récent livre:"Comment mettre fin à une dictature solidement installée, Paris, éditions L’Harmattan, 2017"est tout un programme. Courtois, le professeur Fweley Diangitukwa vouvoie ses jeunes frères. Il est l'un des professeurs congolais qui va enseigner dans les universités souvent dans des pays en voie de développement, parfois à ses frais pour partager son savoir. Le professeur Fweley Diangitukwa est googolisé à travers ses quinzaines d'ouvrages sur la République démocratique du Congo. Nous publions la première partie de ses 10 Questions.
1. Réveil FM International: Quelle est votre analyse sur ce qui s’est passé à la 72e Assemblée Générale des Nations unies à New York ? Alias Joseph Kabila a prononcé son discours dans une salle vide, pendant que les Congolais scandent dehors « Kabila must go ». Est- ce que c’est le début de la fin ou plutôt la descente aux enfers ?
Prof. Fweley Diangitukwa:La 72e Assemblée Générale des Nations unies à New York a été un échec cuisant du régime actuel, car l’ex-président de la RD Congo a prononcé son allocution devant une salle vide. Ce mauvais présage est non seulement le début de la fin mais aussi la descente aux enfers des gouvernants actuels. C’est le résultat de l’amateurisme et du manque de respect de la Constitution. Les autorités, en particulier l’ex-président Joseph Kabila illégal et illégitime, sans mandat depuis le 20 décembre 2016, en accord avec les services de renseignement et les diplomates du ministère des Affaires étrangères ont voulu jouer au malin. Se sachant sans mandat électif, Joseph Kabila a organisé l’insécurité dans le grand Kasaï pour justifier sa présence au pouvoir et se rendre ainsi indispensable.
Après un long pourrissement de la situation, dans l’intention de se rendre crédible et fréquentable avant son allocution aux Nations unies, il s’est d’abord rendu dans le Kasaï pour, soit disant, « pacifier » les membres de Kamuina Nsapu dans leurs relations avec les forces armées congolaises. Entre-temps, il a envoyé une délégation à New York pour préparer son arrivée et vendre son image en faisant croire que : « l’actuel président du Congo est la seule autorité capable de résoudre les massacres dans le Kasaï » et « il doit rester au pouvoir pour éviter l’écroulement du Congo ». Fort de cette stratégie, M. Kabila s’est rendu à New York en perdant de vue que l’Assemblée Générale fonctionne sur la base du droit international, même si au-delà, c’est l’anarchie qui règne dans les relations internationales. La communauté internationale a publiquement manifesté son profond désaccord avec le président par défi de notre pays, il appartient maintenant au peuple congolais d’exiger le départ immédiat de cet président sans mandat, sans légalité et sans légitimité.
Aux Nations unies, à New York, les membres de l’Assemblée Générale ont vu en la personne de Joseph Kabila un président illégal et le responsable direct l’assassinat barbare de Madame Zaida Catalan et de Monsieur Michaël Sharp, tous deux enquêteurs de l’ONU envoyés en RDC pour faire la lumière sur les massacres dans le Kasaï. Pour l’Assemblée Générale, Joseph Kabila est responsable parce qu’il a refusé – par la voix de ses ministres de la Justice et des Affaires étrangères – qu’une enquête sérieuse soit menée par des experts des Nations unies. À ces deux principales raisons, il faut rappeler le Rapport Mapping très accablant pour le régime parce qu’il y est décrit les massacres qui ont été commis tout au long du régime actuel. Très attentifs à ce qui se passe en RDC, les représentants des Nations réunis à New York ont simplement séché l’allocution de M. Kabila (à cause de son illégalité et de son illégitimité depuis décembre 2016) comme des étudiants qui sèchent un cours pour protester contre un professeur qu’ils jugent incompétent.
Les images qui ont été diffusées à cette occasion ont complètement détruit l’image de notre pays. Les diplomatiques de la RD Congo, envoyés à New York pour préparer l’arrivée de leur chef, ont habillé des clochards, des chômeurs et des étudiants ouest-africains de l’effigie de Kabila parce que les Congolais ont refusé de souiller l’honneur de leur pays en portant des vareuses avec l’effigie de Kabila. C’était très honteux de constater que ceux qu’ils ont habillés en Congolais étaient incapables de prononcer un seul mot dans une des langues parlées dans notre pays De nombreux Congolais qui se sont rendus devant le siège des Nations unies scandaient leur mécontentement (« Kabila must go ») et rappelaient les crimes commis par le régime actuel. Le comble de cette humiliation publique est arrivé au moment de l’allocution de M. Kabila devant une salle vide, désertée par les diplomates. Il n’y avait que la présence d’à peine quelques officiels congolais. Notre pays ne le méritait pas mais c’était, hélas, nécessaire pour que Kabila et son équipe se rendent compte à quel point ils sont vomis par la communauté internationale. Même les diplomates africains n’ont pas été solidaires avec le président par défi de la RD Congo.
Un tel degré de boycott est une preuve irréfutable de la fin de ce régime tyrannique, sadique, satanique et responsable de plus 10 millions (certaines sources parlent de 14 millions) de morts dans notre pays. C’est horrible. Il appartient maintenant au peuple congolais de montrer la porte de sortie à ce régime illégal et illégitime. La situation que nous vivons en est une première depuis notre indépendance. Comment comprendre et explique que les universitaires qui sont autour de Kabila sont incapables de respecter la Constitution sinon de démissionner pour manifester leur désaccord ?
Corneille Nangaa, fossoyeur et agent tricheur de la CENI
2. Réveil FM International: Les machines numériques pour une hypothétique élection sans publication du calendrier électoral, est-ce que cela est possible ? Corneille Nangaa et la CENI ont-ils la confiance des Congolais ? Aurons-nous l’élection présidentielle fin 2017 ?
Prof. Fweley Diangitukwa:Je vis en Suisse depuis plus trois décennies. C’est le pays de Rousseau et de Calvin. En plus, il est le siège des Nations unies mais la Suisse qui pratique les valeurs démocratiques avec rigueur a toujours refusé de recourir au vote électronique à cause de l’incertitude qu’un tel vote entraîne. La Suisse réunit tous les atouts en matière d’infrastructures routières, de communication et de moyens informatiques (ce pays possède deux des plus prestigieuses universités polytechniques au monde (Zürich et Lausanne) mais la Suisse refuse de recourir au vote électronique. Ce type de vote est toujours à l’essai et il sera progressivement introduit à partir de 2019 (lire le contenu de ce lien : https://www.egovernment.ch/fr/umsetzung/schwerpunktplan/vote-electronique/).
« Le vote non dématérialisé est une solution éprouvée depuis des siècles, et truquer une élection, sans que ce soit le fait du pouvoir en place, est très compliqué à mettre en œuvre. Or, pour l’instant, aucune garantie suffisante ne peut être apportée pour le vote numérique. » (in https://www.geekactu.fr/2016/11/vote-electronique-dangereux/).
Que peut-on penser de la RD Congo où tous les avantages de la Suisse sont absents et où la panne d’électricité est une réalité permanente mais qui choisit de recourir au vote électronique ?
Avant de choisir le vote électronique, le régime actuel a d’abord lancé l’idée d’un scrutin indirect que nous avons détruite en avançant des arguments solides, en démontrant qu’une telle élection est organisée dans des pays fédéraux alors que le scrutin direct est indispensable dans des pays unitaires, car le chef de l’État doit absolument avoir une assise populaire sur toute l’étendue de la République pour éviter sa contestation. Il est écrit dans le livre de Guillaume BERNARD, paru aux éditions Studyrama et intitulé : Droit constitutionnel et institutions politiques, au chapitre IV intitulé « Les principaux régimes étrangers occidentaux », à la page 248 : « Des légitimités politiques en fonction de la forme de l’État. Un scrutin direct pour un État unitaire Un scrutin indirect pour un État fédéral. »
En général, le scrutin direct est lié au fonctionnement d’un État unitaire car le chef de l’État doit être élu au suffrage universel direct par l’ensemble du peuple pour créer sa majorité et obtenir la popularité que le suffrage universel direct lui confère. Le scrutin indirect est lié à la forme d’un État fédéral dans lequel il y a un Gouverneur à la tête de chaque État fédéré. Les grands électeurs des partis politiques dans chaque État élisent le chef d’État au scrutin indirect. Celui-ci représente les États fédérés dans la politique étrangère de son pays. Ce détail est capital car il détermine le reste de la réflexion sur les modes de scrutin et sur leur déroulement. En effet, il y a plus d’inconvénients dans le scrutin indirect que d’avantages pour l’élection d’un chef d’État. Lire : https://fweley.wordpress.com/wp-admin/post.php?post=1585&action=edit N’ayant pas trouvé des arguments solides à opposer aux nôtres, le régime de Kabila y a renoncé pour privilégier le vote électronique qui facilite les fraudes, car il suffit d’introduire un simple petit logiciel dans le serveur pour que le candidat préalablement choisi soit déclaré élu, non par le peuple mais par la machine. Les résultats seront présentés au peuple comme étant les résultats effectifs de leur choix. Les éléments contenus dans cette vidéo (https://www.youtube.com/watch?v=K_4r--K3biA) expliquent les raisons pour lesquelles ce type de vote n’est pas recommandable aux pays africains et surtout pas en RD Congo qui a déjà connu deux fraudes électorales en 2006 et 2011.
Monsieur Corneille Nangaa est au service du pouvoir, il n’y a aucun doute à cela. Vous voulez une preuve ? Il n’a pas convoqué le corps électoral en date du 01 octobre 2017, conformément à l’article 73 de notre Constitution qui stipule que « le scrutin pour l’élection du Président de la République est convoqué par la Commission électorale nationale indépendante, quatre-vingt-dix jours avant l’expiration du mandat du Président en exercice ». Dans ces conditions, les Congolais ne peuvent pas avoir confiance en la personne de M. Nangaa. Seuls ceux qui sont derrière le régime de M. Joseph Kabila, qui est sans mandat, les soutiennent encore par intérêt pour protéger leurs avantages mais ils savent en âme et conscience que le pays est dans une mauvaise direction, car la Constitution est régulièrement bafouée et la corruption règne en maîtresse.
Sommes-nous prêts à confier l’avenir de notre pays à une machine ? Qu’arriverait-il si, après avoir dépensé beaucoup d’argent public et demandé aux électeurs de se déplacer pour participer au vote, un virus contamine les machines informatiques le jour précédant le vote ou s’il y a une longue panne d’électricité ? Si nous sommes sérieux, nous devons trembler devant le risque d’utiliser un tel système de vote.
Nous pensons que le vote électronique est un canular qui sert à gagner du temps en retardant davantage l’organisation de l’élection présidentielle.
3. Réveil FM International: D’après vous, quelles sont les vraies raisons de l’invalidation des passeports semi-biométriques ?
Prof. Fweley Diangitukwa:Quels que soient les arguments que l’État congolais et en particulier le ministère des Affaires étrangères pourront avancer, la question du passeport biométrique relève d’une arnaque organisée. Si le passeport congolais est parmi les plus chers au monde, le Gouvernement vient d’opérer une nouvelle escroquerie en changeant le passeport semi-biométrique en passeport biométrique. Ce problème soulève une question de responsabilité. Pour émettre un document officiel, un État ou une entreprise prend toutes les précautions pour éviter des poursuites judiciaires.
Donc, si l’État congolais n’a pas pris toutes les précautions, il est fautif et il doit dédommager les bénéficiaires en remplaçant gratuitement leurs passeports actuels par de nouveaux passeports biométriques. Voilà comment devrait fonctionner notre État s’il respectait ses citoyens. Doit-on penser que le Gouvernement était malintentionné en faisant circuler des passeports ne correspondant pas aux normes internationales avec l’intention d’interdire leur utilisation après quelques années plus tard et de vendre ainsi plus facilement les passeports biométriques ?
On sait qu’aujourd’hui, tous les pays n’utilisent pas ce genre de passeport, pourquoi devient-il obligatoire à trois mois de fin du régime actuel ? « Il n’existe aucune spécification de l’OACI qui concerne le passeport semi-biométrique congolais. Le critère majeur au niveau de l’espace international, c’est la lisibilité du passeport à la machine suivant l’exigence des NTIC », a soutenu le député Juvénal Munubo de l’UNC, évoquant l’utilisation des passeports biométriques toujours en cours dans des nombreux pays comme la France.
Voilà le hic, voilà là où le bât blesse. En plus, si l’État Congolais a constaté la multiplication d’actes illégaux, criminels de contrefaçons des passeports semi-biométriques, à qui la faute lorsqu’on sait que les citoyens congolais ne fabriquent pas des documents officiels ? Pour quelle raison l’État congolais ne cherchait-il pas à arrêter d’abord ces faussaires qui sont certainement parmi les réseaux mafieux du gouvernement ? Qui est en défaut et qui organise la contrefaçon ? Le vendeur (État congolais) ou les bénéficiaires (détenteurs de passeports) ? Pourquoi le ministère des Affaires étrangères ne remonte-t-il pas la filière pour mettre la main sur le réseau criminel de contrefaçons ? Lorsqu’une voiture est vendue avec un défaut, l’usine rappelle la voiture et prend en charge le changement de la pièce en défaut. Pourquoi l’administration des Affaires étrangères n’applique-t-elle pas cette logique ?
Il faut dire que la vente de passeports est la principale source d’enrichissement du ministère des Affaires étrangères. Il n’est pas étonnant qu’on arnaque les Congolais en créant un nouveau vrai faux passeport semi biométrique pour le remplacer par un passeport biométrique, sinon pour quelle raison n’a-t-on pas fait sortir directement le passeport biométrique sans passer par le semi-biométrique ? On voit bien qu’il y a quelque chose de louche qui se résume par la recherche du lucre. Après les fausses cartes d’électeurs en circulation, voici les passeports congolais qui ne répondent pas aux normes internationales ! Mais dans quel pays sommes-nous ? En vérité, les raisons de ce nouveau passeport sont à trouver ailleurs : dans le besoin de s’enrichir car les Congolais de l’étranger sont continuellement considérés comme des vaches à lait par ceux qui sont au pouvoir. Ils sont contraints d’avoir ce document délivré uniquement par l’État. De ce fait, les escroquer devient une opération facile.
Le changement de ce passeport semi biométrique au passeport biométrique pose un problème (1) de faisabilité (certains passeports en circulation portent de visa de longue durée), (2) de durée (en combien de temps le ministère des Affaires étrangères sera-t-il capable de remplacer les passeports de tous les concernés) et (3) de coût (l’État remboursera-t-il le coût aux porteurs de passeports valides du fait qu’ils ne sont pas fautifs) ? Dans le cas contraire, qui paiera le coût de la corruption perçu par les fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères ? Autant de questions sans réponse qui renforcent la complexité de la démarche.
4. Réveil FM International: La classe politique est facilement corruptible, elle est médiocre et ventriote. Comment en sommes-nous arrivés là ? D’aucuns disent que nous n’avons que des diplômés au Congo pas d’intellectuels ?
Prof. Fweley Diangitukwa:L’histoire de la corruption dans notre pays vient de loin. Le système de quota dans l’admission des étudiants à l’université était une forme de corruption morale car il a conduit des élèves à changer leur identité avant les examens d’État en se donnant un nom à consonance ngala et plus particulièrement à consonance ngbandi afin d’avoir la chance de réussir avec un bon pourcentage, d’être facilement inscrits à l’université et bénéficier in fine de la bourse. La deuxième méthode de corruption morale fut l’organisation de l’animation politique (la danse pour le Mouvement Populaire de la Révolution – MPR). Des jeunes animatrices et animateurs étaient recrutés par le parti unique pour chanter la gloire du maréchal Mobutu. Contre cette gesticulation publique et obscène de leur corps, ils recevaient un salaire plus décent que celui des enseignants et des fonctionnaires. Résultat, beaucoup de femmes ont choisi de devenir de danseuses du MPR. La destruction de mœurs a entrainé la corruption morale parce que les Zaïrois de cette époque avaient pris l’habitude de gagner de l’argent facile sans véritablement travailler. Les enseignants, les fonctionnaires, les soldats, etc. se sont mis à agir comme les politiciens congolais agissaient en monnayant leurs services.
Une étude sociologique devient nécessaire voire urgente pour mieux comprendre la genèse de la corruption dans notre pays. Je ne parle que de la petite corruption car il existe la grande corruption pratiquée par les grandes entreprises et par les firmes transnationales qui corrompent les décideurs officiels, voire des parlementaires pour obtenir des marchés publics. C’est ce qu’on appelle la captation de l’État. il ya tout un chapitre sur la corruption dans mon livre La thèse du complot contre l’Afrique. Pourquoi l’Afrique ne se développe pas, éditions L’Harmattan, 2010, pp. 149-171.
En effet, ce n’est pas toute la classe politique qui est corruptible et médiocre car il y a dans cette classe politique des gens encore intègres et excellents. Grâce à eux, le pays tient encore debout. Mais ils sont hélas minoritaires. Beaucoup pratiquent la corruption de survie. C’est le cas par exemple d’un soldat qui a un salaire de 80 dollars et qui arrondit ce salaire en extorquant les passants ou les automobilistes. C’est aussi le cas d’une infirmière ou d’un infirmier qui monnaye ses services dans le même but d’arrondir son salaire. L’État congolais ne punit pas car il sait qu’il ne paie pas bien ses fonctionnaires. Voilà pourquoi il faut réorganiser l’économie nationale, réaliser des bénéfices considérables par la production, instaurer un salaire minimum à partir duquel il deviendra possible de punir tout individu qui se laisse corrompre (=effet). Mais dans cette démarche, il faut commencer par punir le corrupteur (=cause) avant le corrompu. En effet, la disparition de la cause entraîne ipso facto la disparition de l’effet.
Contrairement à ce qui est sous-entendu dans la question, j’affirme qu’il y a des intellectuels dans notre pays, même si leur nombre n’est pas très important. Malheureusement, nos universités forment plus de diplômés et moins d’intellectuels. J’ai étudié avec des camarades intelligents à l’école secondaire et à l’UNAZA (université nationale zaïroise). Certains compatriotes qui ont fait de brillantes études à l’étranger ont décidé de rentrer chez nous. Beaucoup d’entre eux ont sombré parce que les conditions de travail et de vie ne sont pas bonnes. Je n’aurai probablement pas publié autant de livres de recherche sur différents sujets d’intérêt national, continental et international, si je vivais en RD Congo car les bibliothèques sont pauvres voire rares ou inexistantes dans certains milieux. Pour cette raison, les livres constituent la seule marchandise que j’envoie au pays. Je ne suis pas compris par ma famille qui attend recevoir des objets de seconde main comme le font mes compatriotes qui n’ont pas la même compréhension que moi, mais je m’entête.
Dans la vie nationale, il n’y a pas de récompenses qui encouragent les intellectuels. Existe-t-il un prix congolais de l’excellence ? Non. Mais nous l’introduirons dès le départ de l’équipe actuelle. Lorsque le système de gouvernance est mauvais, la classe politique sombre. C’est classique. C’est pourquoi, nous avons l’obligation de reconnaître et de saluer les quelques rares intellectuels congolais qui se distinguent et que nous rencontrons parfois dans des colloques internationaux. L’éducation sera le premier chantier à redresser après le départ du régime actuel.
5. Réveil FM International: Que pensez-vous de la Transition sans Kabila ? Cela est-il possible ? Si oui, comment ? Quels sont les préalables ? Que faire d’alias Joseph Kabila ?
Prof. Fweley Diangitukwa:Je ne me préoccupe pas trop du sort de M. Joseph Kabila car lui-même ne s’est jamais préoccupé du sort des Congolais. Il est venu chez nous en 1997 dans le convoi de l’AFDL (un conglomérat d’aventuriers, dixit Laurent-Désiré Kabila) avec un seul objectif : s’enrichir en pillant les ressources du Congo. Pour cette raison, son sort ne m’intéresse pas. Il est le moindre de mes préoccupation. Néanmoins, il s’impose à la tête de notre pays malgré l’expiration de son mandat. À ce titre, il constitue un souci majeur pour l’avenir du Congo. Il a toujours traité les Congolais avec beaucoup de mépris, en disant publiquement qu’il n’a jamais trouvé 15 Congolais compétents (comme si lui-même était une sommité) avec lesquels il pouvait travailler pour développer le Congo mais, en même temps, il a trouvé plus de 100 Rwandais qu’il a élevés au rang de généraux pour dominer et mater les Congolais qui l’ont rendu, malgré eux, milliardaire en très peu de temps.
Au lieu d’organiser les élections dans le respect du délai, les gouvernants traînent volontairement les pieds en courant le risque de le faire dans la grande précipitation afin qu’elles leur profitent. Voilà pour quelle raison à trois mois de la date fatidique selon les Accords de la Saint Sylvestre de décembre 2016, l’enrôlement n’a pas encore pris fin dans le Kasaï, le calendrier électoral n’est toujours pas publié et aucun candidat n’est officiellement enregistré, n’est connu par les électeurs et n’a encore présenté son programme politique.
En effet, le pouvoir illégitime et illégal de Kinshasa observe les réactions des Congolais pour ajuster son comportement en fonction des scénarios déjà montées et en attente de leur mise en scène. M. Joseph Kabila et son régime cherchent à mettre à leur profit une élection précipitée soit pour pouvoir manœuvrer en vue de présenter un proche de Kabila et mettre ainsi le peuple congolais devant un fait accompli soit pour créer une anarchie qu’il contrôlera lui-même, en mettant le pays à feu et à sang, car seule la guerre lui permet de se maintenir au pouvoir et d’échapper à la CPI.
Parce que nous n’avons pas organisé l’élection présidentielle en décembre 2016 alors que le président Kabila nous a lancé un défi en disant « il ne se passera rien en décembre » et parce que les évêques de la CENCO ont très naïvement accepté de lui accorder gratuitement une année supplémentaire alors qu’il ne le méritait pas, M. Joseph Kabila reste encore le maître de l’agenda électoral, car il contrôle tous les rouages du pouvoir et il a une main ferme sur la CENI et sur Corneille Nangaa. À cause de notre faiblesse collective et de notre naïveté, joseph Kabila s’entête à ne pas publier le calendrier électoral pour ne pas s’auto-exclure des enjeux et signer ainsi son arrêt de mort politique.
Quant à la transition, elle s’impose d’office parce que les élections n’auront pas lieu en décembre de cette année. Nous sommes dans une République où il n’y a pas une seule autorité qui jouit de la légitimité populaire. Nous devons élire la classe politique à tous les niveaux, du député provincial au président de la République. C’est une tâche considérable qui sollicite notre intelligence et notre sens d’organisation et de patriotisme. Mais nous en avons les compétences en réserve. Oui, la transition est possible et elle s’impose. En mai 2016, des Congolais ont organisé un colloque à Modena en Italie, sous la conduite de l’abbé Germain Nzinga, justement avec comme thème : « la transition sans Kabila ». Des propositions ont été faites et je prépare la publication qui reprend tout ce qui a été dit à Modena.
Il est permis de reconnaître et d’admettre que la RD Congo ne s’est jamais stabilisée. Notre pays est dans une transition permanente depuis que les institutions de la République ont été déstabilisées le 24 novembre 1965 par le colonel Joseph-Désiré Mobutu et ses compagnons de la révolution. Il est maintenant question de sortir la République du coup d’État permanent. Mobutu a gouverné le pays en s’appuyant sur un parti unique, le MPR, et il a quelquefois organisé l’élection présidentielle en étant le seul candidat. Une aventure cocasse que les intellectuels de l’époque applaudissaient, sans état d’âme.
En 1997, dès sa prise de pouvoir, le nouveau président, Laurent-Désiré Kabila, a supprimé tous les partis politiques et a dirigé le pays par décrets. Une nouvelle transition sans issue a été ouverte. Le pays a évolué dans l’anarchie totale et sans institutions démocratiques jusqu’à Sun City en Afrique du Sud qui a donné lieu à un semblant d’ouverture politique. Le pouvoir a été partagé entre les anciens belligérants qui, ensemble, ont formé un Gouvernement d’union nationale (formule 1 + 4). La libéralisation de l’espace politique a donné naissance à la création des partis politiques alimentaires. C’est sous ce nouveau climat d’anarchie que le pays a organisé ses premières élections en 2006 qui ont été sévèrement critiquées par le cardinal Etsou à cause des fraudes électorales organisées par l’abbé Malu Malu, président de la Commission électorale indépendante (CEI), pour assurer la victoire du président Joseph Kabila au détriment de Jean-Pierre Bemba qui a été le favori de ces élections. L’échec dans l’organisation de ce scrutin a ouvert la porte à une nouvelle impasse politique. C’est dans cette anarchie qu’une nouvelle élection présidentielle a été organisée en 2011 par le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, président de la CENI, pour permettre la victoire du président Joseph Kabila au détriment d’Étienne Tshisekedi qui a été le favori de ces élections.
L’anarchie et la contestation du pouvoir ne se sont pas pour autant estompées. Pour tenter de calmer le peuple, le pouvoir a convoqué les concertations nationales en 2013. Comme pour la Conférence nationale « souveraine » (CNS) de 1990 à 1992, les 100 résolutions de ces dernières concertations nationales n’ont jamais été appliquées.
Une année avant l’organisation de la nouvelle élection présidentielle prévue en décembre 2016, le régime a envisagé d’organiser un dialogue national pour définir ensemble (pouvoir et opposition) les modalités de sortie de la crise ou de l’impasse. Mais plusieurs partis de l’opposition ont refusé d’y participer à cause des résolutions des Concertations nationales qui ont été suivies d’aucun effet. Voyez-vous, depuis 1965, nous passons d’une transition à l’autre sans stabiliser l’État. Il est maintenant question d’organiser un gouvernement exceptionnel de Transition qui mettra en place les institutions républicaines de la troisième République qui sera basée sur la confiance du peuple. Il faut, comme préalables, écarter les menteurs et les aventuriers du pouvoir et remettre de l’ordre dans le fonctionnement de l’État. C’est une énorme responsabilité que seuls des Hommes crédibles doués d’une intelligence exceptionnelle peuvent assumer.
Il est évident que si M. Joseph Kabila n’est pas mis hors d’état de nuire, il agira fatalement dans l’ombre pour créer le chaos car il contrôle tous les leviers de commandement des forces militaires, des services de renseignement et des régies financières que ses hommes de main dirigent pour son compte. Voilà pour quelle raison il est impérieux de défaire l’immense pouvoir qu’il détient jusqu’à ce jour en l’empêchant de mettre à jour son plan machiavélique de maintien au pouvoir, avec en perspective l’ambition de se donner une nouvelle Constitution rester au pouvoir ad vitam aeternam, comme cela s’est passé au Rwanda et au Burundi et comme cela est en voie de se passer Ouganda où les députés discutent sur la nécessité de réviser ou non la Constitution.
Il est nécessaire voire indispensable d’organiser une transition pour garantir des élections crédibles. La transition aurait pu être ce moyen pacifique qui mettrait le peuple congolais en attente d’un nouvel ordre, mais l’ex-chef de l’État actuel et son Gouvernement illégal ne se sont malheureusement pas impliqués dans cette transition à cause de leur mauvaise foi, de leur impopularité et des torts qu’ils ont causés au peuple congolais. Si elle est conduite sous la direction d’un leadership consensuel qui s’appuiera sur une gouvernance collégiale devant régir le fonctionnement des institutions, l’équipe de transition sera une structure fonctionnelle susceptible de représenter valablement la diversité politique de tous ceux qui s’inscrivent dans la logique du changement et de développement de la nation. Munie d’un cahier de charges bien définies, cette équipe concevra rapidement les grands axes politiques et stratégiques du pays qui permettront un fonctionnement harmonieux des institutions de la République après les élections.
Pour créer une véritable stabilité des institutions, il est indispensable que la transition soit confiée à un Homme de la société civile, maîtrisant les questions politiques et géopolitiques, doté d’une intelligence exceptionnelle et n’appartenant à aucune famille politique parmi celles qui se disputent actuellement le pouvoir. Celui-ci doit accepter de ne pas se porter candidat à la magistrature suprême lors de la prochaine élection présidentielle.
Mais pour que cette Transition réussisse, cet oiseau rare doit absolument être entouré non seulement de soldats et de policiers patriotes qui assureront sa sécurité et la stabilité des institutions mais aussi de conseillers politiques, économiques et militaires parmi les plus compétents des Congolais (chacun dans son domaine de prédilection) dont la réflexion de haut niveau et la mise en place des projets doivent être leur principale activité cérébrale. La notoriété ne suffit pas. Il faut, au-delà, la maîtrise des questions géopolitiques et géostratégiques. Un inconnu mais très compétent peut tout aussi bien jouer ce rôle.
Nous croyons avoir des ailes assez solides pour piloter cette Transition. Nous avons des idées claires et précises sur la gestion de cette période de Transition que nous partagerons volontiers avec des acteurs qui la piloteront.
Parmi les préalables, le président de la Transition devra composer son Gouvernement en s’appuyant sur la proportionnalité – que d’aucuns appellent « équilibre régional » – et sur la subsidiarité. Son rôle se limitera à défendre l’intérêt supérieur de la nation, envers et contre tout.